La Route des Mouettes

Noël au bout du monde.

Samedi 29 décembre : donc bricolage dans les fonds.

La deuxième explication semble être la bonne. Même si nous ne savons toujours pas d'où est venue l'eau…

Rémy réinstalle une pompe à pied. Les fonds sèchent !

Nous profitons de la Wifi pour prendre des infos sur les Canaries. Mais il semble que la seule forme de tourisme possible c'est le « tout prévu d'avance par les tours opérators ». Nous aurons du mal à échapper aux visites de groupes, de plus cela reste cher et en anglais

Le parc des volcans nous attire. La marina est un peu triste, même si elle est très fréquentée et très propre. Notre programme n'est pas encore défini…

En direct, à l'heure où nous bouclons cet article, ça flambe à bord !

Etape n°1 : enlever les rideaux du hublot de la cuisine.

Etape n°2 : prendre un carburant d'homme.

Etape n°3 : allumer et mettez vous sous le hublot !

une pensée pour Loulou, l'empreur de la banane flambée !

NB 1 : une astuce du chef : saucez la poële avec une tranche de Bolo de Mel (Cf. Madère)... un délice.

NB 2 (de la part de Nath) : je les préfère flambées à la Mirabelle, mais bon je m'adapte ! 

 

Vendredi 28 décembre : côte est de Lanzarote.

Nous partons tranquillement vers Puerto de Calero. Au revoir chaleureux à Arnaud, nous nous reverrons sûrement au Cap Vert, où il se rend aussi.

Nous passons au large d'Orzola et longeons la côte Est de l'île de Lanzarote. Longue de 50 km sur 16, elle reçoit très peu d'eau, les stations de désalinisation permettent au tourisme de se développer.

Vent modéré devenant faible sur la fin du parcours, nous arrivons vers 17H. Changement de décor total ! La marina est très chic et comme toujours dans ces cas là très impersonnelle et froide.

Preuve de grande classe, les bites d'amarrage sont en laiton !

Nous sommes néanmoins contents de prendre une douche tiède ! Le soir, le calme (plus de vent comme à Gracioza, plus de musique comme à Funchal) et l'absence de secousses du bateau (quelque chose que nous ne connaissions plus depuis… le chantier de Funchal) pourraient nous faire passer une bonne soirée… sauf que Rémy enlève 5 litres d'eau des fonds du bateau…

La pompe de l'évier ne marchait plus depuis la moitié de l'après midi « plus d'eau, il était tant de changer de port ! ». Une fois le plein fait N : « Ca ne marche toujours pas, alors que dans les WC c'est bon ???? ». Rémy retire les planchers. Prés de l'axe de la dérive, les lingots de plomb ne flottent pas, mais nagent dans de l'eau marron. Première pensée : l'axe de la dérive n'est pas étanche. Autre possibilité, de l'eau douce est venue se loger sur le lest, puis par les fissures et en suivant les varangues a coulé jusqu'au niveau de l'axe de dérive.

L'axe de la dérive baigne dans 10 cm d'eau (à gauche) ou de jus de fond !

Nous n'en menons pas large. Si c'est la première possibilité, le voyage est fini. Si c'est la deuxième, encore du bricolage.

5 litres retirés !

Je repense à notre voisin hollandais à Funchal qui essayait de remettre le câble entre les deux mâts de son ketch. Il a passé une journée et demie en l'air ! : «La plaisance, c'est une semaine de navigation pour une semaine de bricolage ». Espérons que ça ira plus vite cette fois-ci. Nous repompons au chiffon les dernières petites flaques qui réapparaissent rapidement et nous nous couchons, l'âme un peu désoeuvrée.

Au milieu de la nuit, je me relève pour mes petits besoins. Je ne peux pas m'empêcher de regarder avec la lampe torche. En me recouchant, je glisse à l'oreille de Rémy : « L'eau n'est pas revenue » . Il m'avouera qu'il a vraiment dormi à partir de ce moment.

 

Jeudi 27 décembre : repos, repérage des ports et mouillages.

Le matin nous prenons le temps d'étudier les cartes locales, ports… Je colorie les cartes papier car à notre arrivée Rémy m'a dit : « C'est drôle, j'ai jamais vu ça, même aux Antilles… Il y a un lagon qui fait passer les fonds de 100 m à 30 m puis à nouveau la profondeur chute à 100 m ». En fait, les lignes bathymétriques (profondeur) et courbes de niveau (altitude) apparaissent de la même façon sur la carte. Le relief en surface et en profondeur est tellement « acores » que les distances les séparant sont très faibles. La navigation depuis Madère achevant le tout, Rémy voyait un lagon !

L'après midi, nous décidons quand même de faire une ballade. Je suis sur le ponton et Rémy ferme le bateau quand je l'entends dire « A zut ! Je me suis trompé de cadenas, je n'ai pas les clés». Nous sommes enfermés dehors. « Viens, nous trouverons une scie à métaux après notre marche. »

Nous allons de l'autre côté de l'île où la végétation est toujours désolée.

Réserve d'eau pluviale au milieu du désert.

De retour, nous allons demander assistance à un bateau français, un « love love ». Arnaud le propriétaire vient de Perpignan, via la côte marocaine. Il est arrivé dans la journée. Nous l'invitons à  boire un coup à bord pour le remercier ; les discussions sont passionnantes. Il nous propose un logiciel pour observer les étoiles. Grandiose ! Il ne reste pas manger avec nous, souffrant d'une mauvaise angine, il ne peut rien avaler.

Nous nous couchons sans trainer, demain nous partons…

Mercredi 26 décembre : Orzola, le village aux lichens.

08H00 : nous prenons le petit ferry pour Orzola (18€ aller et retour/pers), le village de pêcheur au Nord de Lanzarote.  Nous en profitons pour regarder comment est pavé le coin. L'arrivée au port est peu rassurante, car le bateau approche les rochers pour éviter des fonds peu profonds.

Le nom d'Orzola vient du nom Orchille (puis orchilla) une espèce de lichen que l'on trouve sur les roches volcaniques. Ils servaient apparemment à faire de la teinture.

Le sol : de la lave couverte de lichens.

Nous espérions pouvoir rejoindre le Mirador del Rio. Nous arpentons les rues désertes du village. Des taxis proposent des excursions à 100 € mini… Pas de centre d'informations. Nous achetons une carte de  l'île dans un « Supermarket ».

Nous optons pour une ballade autour du village. Encore plus déboussolés, nous voici au milieu des cactus, marchant sur un sol noir craquant…

Après quelques siècles d'effort, un champ !

Au milieu des cactus, comment faire pousser de la vigne ????

... en les entourant de murets, afin de les protéger du vent et créer de la condensation la nuit.

Les paysans locaux ont dégagé des parcelles des pierres, épandu du lapidi (roche volcanique broyée) sur le sol. La différence de température entre le jour et la nuit crée de la condensation qui permet de capter l'eau de l'air à défaut d'avoir des précipitations.

Un champ qui vient d'être travaillé. Dans le sillon de l'engrais. Fait à dos d'homme à en juger les traces au sol...

... et cette scéne, un peu plus loin : semis dans un potager.

Surprise, un champ d'aloe Vera. « visite possible » indique un panneau, nous rentrons dans la cour.  Discussion avec l'agriculteur, origine allemande.

Excursion par le chemin muletier jusqu'au sommet de la première colline. Autres cratères apparaissent au dessus.

Vue générale : en bas à gauche aloé vera, puis champ avec lapidis et lichens prés de la mer.

Au final, 4h30 de marche en pleine cagna ! Nous redescendons vers le village la gourde vide et le stock de barres de céréales épuisé.

Nous regardons les menus des restaurants sur le port. « C'est un coup à s'en tirer à plus de 35 € pour deux. Viens, retournons dans le village, je crois que j'ai vu quelque chose plus dans notre goût.» En effet, le patron nous montre son calpin « 8€/pers » et désignant un buffet avec des crudités, une paëlla, du poisson frit, du poulet, des pommes de terre, des fruits, il nous fait comprendre que tout cela est compris ! Surprise supplémentaire en payant, la boisson est offerte. Il reviendra encore quand Rémy boira son café avec deux petits gâteaux !

Pour digérer le tout, nous repartons marcher de l'autre côté du village, jusqu'à une plage aux pieds des falaises.

Aldo la classe !

Nous reprenons le « ferry » à 17H00.  Marche arrière spectaculaire (avec une télécommande) entre le môle, les barques de pêche et les fonds que l'on devine à l'aspect irisé de l'eau.

 

Mardi 25 décembre : un Noël au bout du monde !

Rangements et ménage à bord nous occupent toute la matinée.

Balade le long de la grève durant 3H00. Découverte de plantes inconnues : épines, petites feuilles, taille groupée ; tout est fait pour limiter la transpiration.

Ce n'est pas du grillage, c'est une plante !

« Quand vous débarquez, vous pouvez enlever vos chaussures et oublier le reste du monde », voilà l'expression favorite des habitants de Lanzarote pour décrire l'ambiance de l'île. Nous la partageons. Nous nous sentons un peu drôles…, décalés dans le temps et l'espace. Où est la verdure de Madère ?

La roche volcanique descend jusqu'à la mer. Brassage par endroit d'autres roches sédimentaires, galets.

Séance de yoga pour nous remettre d'aplomb, face à la mer et la falaise où surplombe le mirador del rio. Les vertèbres replacées, les courbatures dues aux mouvements perpétuels du bateau disparues… nous rentrons.  

Le vent souffle constamment, sans être freiné par aucune végétation.

 

Lundi 24 décembre : un pétrolier évité de justesse avant notre Noël à Sociedad !

Alors que nous n'avions pas vu de bateaux depuis notre départ, nous avons eu droit à quelques approches, dont une où nous avons failli entrer en collision…

Vers 04H00, je venais de me réveiller pour prendre mon quart. Rémy discute quelques instants à l'intérieur. « il y a un bateau, à notre vent. Un pétrolier. Mais nous pouvons passer devant.» Je sors pour voir. N : « Là, ca ne va pas le faire ! » Au clair de lune, une grosse masse saute lourdement sur les vagues, feux quasiment invisibles (c'est pourquoi Rémy ne s'inquiétait pas il pensait avoir encore de la marge) vent dans le dos. R : «bon, on va faire du pré. Tu parles il n'y a personne de quart ou le mec dort ! ». N : « Nous sommes déjà plus que travers, il faut mettre le moteur et passer derrière. J'allume le feu de pont, peut-être qu'il nous verra… si il y a quelqu'un.»  Cette idée est plus là pour nous rassurer, car ce type de bateau ne peut pas dévier sa route aussi vite. Nous passerons derrière après un bon coup de moteur, bout presque au vent pour ralentir quand même. Le pétrolier nous passera devant comme une fleur. Un bon coup d'adrénaline qui m'a bien réveillée pour entamer mon quart !

8H00 : terre !

Paysage presque désertique sur cette île de 3 km sur 6, Gracioza, située au Nord de l'archipel des Canaries. La végétation y est presque inexistante. Les 4 cratères de volcans (jusqu'à 265 m d'altitude), datant d'une éruption de 1750 environ, tranchent sur le ciel bleu. Les roches sont des palettes de couleur allant du noir au blond en passant par des pourpres…

Petit port de pêche, Sociedad, 56 habitants en 2006, ressemble à un village du Nord de l'Afrique : murs blancs, toits plats… C'est vrai nous ne sommes pas loin du Maroc (70 M du Cap juby) ! La marina est encore en cours d'aménagement, pas d'eau au ponton, pas d'électricité... mais cela ne nous dérange pas, nous avons encore de l'eau et nous sommes autonomes en électricité.

Sieste générale de … 3h00 !

Nous trouvons les douches : eau gelée, mais ça nous fait le plus grand bien.

Nous nous arrêtons à un petit bar sur le quai d'où sort de la musique. Deux locaux sont accoudés au comptoir. Un a une toute petite guitare, l'autre chante « Feliz Navidad ! Feliz Navidad ! » Sur un rythme plutôt entrainant, presque latinos déjà. Voyant que nous sommes bon public, ils continuent leur registre populaire, d'autres personnes se joignent à nous. Ils nous payent une tournée, nous la rendons… Sentant le traquenard, nous décidons de regagner le bateau d'autant qu'il n'y a pas de lumière dans le bled ! Rémy repart avec une casquette à l'effigie de la compagnie de ferry qui rejoint Orzola.

Coups de téléphone (sur portables, car nous n'avons pas trouvé de cartes de téléphone) à notre famille pour les informer de notre arrivée et leur souhaiter un bon noël. Nous sommes contents de les entendre, de savoir que tout va bien. Rassurés, nous savons qu'ils passeront un bon réveillon.

Réveillon aux chandelles… en amoureux !

 

Dimanche 23 décembre : ça glisse !

Toujours bon train, les miles défilent : 150 M en 24 H00 ! La Mouette bât son propre record.

Rémy barbouillé et fatigué, car mal géré la fatigue au départ. Moi, ça va impeccable, à part la nuit où je me réveille en sursaut quand des grosses vagues venues, « d'on ne sait où »,viennent sur notre travers et secouent le bateau. Je me demande si Rémy a besoin d'aide, donc je me lève… bref nuit en pointillés.

La journée nous dormons beaucoup. Je pense que nous décompressons du bruit de Funchal, de la ville. De plus, le rythme du bateau est quand même soutenu, donc fatiguant. Mais nous sommes bien au milieu de l'océan. Les dauphins viennent parfois nous saluer. Rares oiseaux de mer. 

Samedi 22 décembre : départ pour les Canaries.

« Nous partirons quand nous serons prêts ! » Nous n'avons pas envie de stresser. Donc petit tour au marché pour finir l'approvisionnement (fruits, poisson…). Achat d'une tondeuse élect. pour refaire une coupe réglementaire au capitaine, gants polaires pour la marinette qui a peur d'avoir froid durant les quarts de nuit.

Repas des matelots préparé par le moussaillon, le temps que le capitaine finisse quelques préparatifs : poisson épée, patates douces, courgettes, fruit de saison (caramboles).

Nous finissons notre dessin sur le mur du quai. Nous hissons les couleurs de la Normandie pour fêter ça !

15H30, nous larguons les amarres. 280 miles (rappel pour ceux ou celles qui n'ont pas suivi les étapes précédentes 1 mille = 1852 m… donc en km ?) à parcourir. Nous ne nous arrêterons pas sur les Selvagens. Denis nous a annoncé 15-20 nds N NE puis un risque de renforcement E NE, voire E à partir de mercredi. Mais, nous devrions être arrivés.

A peine à 5 M de Funchal, coup de vent jusqu'à 35 nds. En 2 minutes, la mer est blanche. Le vent n'arrête pas de changer d'angle, les îles DESERTAS créent des perturbations. Nous prenons 2 ris, génois roulé 2/3. 25-30 nds durant 20 M

Le vent baissera ensuite à 15-20 nds, mais la mer restera agitée.

Le carénage se fait sentir, nous filons entre 6.5 et 7.5 nds. Plusieurs pointes à 8.3 nds ! Que du bonheur ! La pleine lune est au rendez-vous. Les quarts passent vite, occupés par les réglages ou les rattrapages du régulateur d'allure.

Vendredi 23 décembre : bon vent les amis et à bientôt au grés de l'eau.

Nous réunissons les voisins de ponton, de chantier... devenus des amis  pour un petit pot de départ.

Daphnée, Erick (départ pour les Antilles dans deux jours), Anouk, Joao (ils restent à Madère où ils font découvrir leur belle île à travers de vraies sorties à la voile ou des randonnées pédestres), Solène et Antoine (ils passent nouvel an à Madère et ensuite direction le Cap Vert) viennent à bord ; nous échangeons mails, adresse de blog. Nous nous retrouverons au Cap Vert pour certains et peut-être ailleurs si Eole le veut pour d'autres...

 

 



29/12/2007
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